J’étais enfin presque chez moi. Presque parce que bon, je devais encore traverser la piste pour me rendre à mon avion. Je n’avais pas vraiment peur que l’avion bouge, mais j’avais un peu peur de l’état dans laquelle elle pouvait encore se trouver. J’avais disparu pendant plusieurs jours, en fait… près d’une semaine et demi. Ne pas donner de nouvelle à Jack pendant autant de temps, c’était lui léguer toutes mes choses en signifiant que j’étais morte. Même 48h sans nouvelle et il était en droit de douter. Il allait faire la gueule en me voyant rentrer. J’avais bien l’intention de me laisser mourir dans mon nuage et dormir jusqu’à l’été prochain. Bon d’accord, je ne pourrais jamais dormir aussi longtemps, mais… je pouvais toujours espérer. L’espoir faisait vivre disait-on. Bon d’accord, je n’étais pas du genre très croyante, mais l’expression était agréable en bouche et il n’y avait que des expressions qui pouvait venir dans ma bouche. Bref.

Je traversais sagement la piste quand j’entendis du bruit. Habituellement, je l’aurais évité et je serais partie en sens inverse, mais là, c’était ma maison, je me devais de nettoyer la piste dès que je le pouvais. Si les morts se ramassaient en grandes quantités… ça pouvait signer mon arrêt de mort. Donc, j’en croisais, je les buttais, c’était simple. J’avais toujours mon javelot et c’était simple quand même, le pointu… dans le mou, fin. J’avais sagement ramené de l’alcool pour Jack, celle avec le capitaine dessus parce que je n’avais pas trouvé de Jack. En fait, je n’avais pas fait de détour vers mes endroits habituels, donc c’était une chance de trouver des bouteilles en vie et si Jack était mort… Je prendrai un verre à sa santé et je prendrais surement le restant de la bouteille pour un cocktail Molotov. C’était toujours drôle comme façon de faire disparaitre l’alcool. Mieux que la boire du moins, parce que bon, finir ivre et chancelante, ce n’était pas pour moi. Pas le temps, imaginez si un rôdeur ce pointait au moment oèu j’étais incapable de me défendre. Non, le bon sens voulait que je proscrive l’alcool de mon alimentation, mais Jack… il pouvait bien faire ce qu’il voulait. Rex était sagement avec moi, oui Rex, mon berger Allemand, le chien qui servait autant à défendre mes arrières que ma vertu. Il était parfait ce chien et il était à moi. En plus, il tenait au chaud la nuit. On se rapprocha d’un avion mort, une épave en soit. J’avais mon javelot en main, mais rex ne grognait pas, en fait, il avait baissé les oreilles par méfiance. Donc, il y avait bien quelque chose, mais ce n’était pas mort. Je voulais juste savoir si c’était Jack en fait, si c’était n’importe qui de l’aéroport… j’allais juste disparaitre et ne pas exister. J’arrivai finalement derrière lui, Rex était silencieux, mais sur ses gardes, moi de même en fait. Je ne reconnaissais pas la personne, donc j’allais simplement m’éclipser quand… le mec sortie du trou de l’épave, cachant un truc… ressemblant à une tasse dans son dos. Il croyait vraiment que j’allais lui voler de la… peut-être qu’il y avait quelque chose dedans, fallait pas juger. En fait, déjà, je ne pouvais pas m’empêcher de le juger un peu… il était déguisé. Non mais… il était déguisé en pirate… et pas le plus propre des pirates non plus. Donc… c’était franchement bizarre. Il était franchement bizarre. Je le dévisageais peut-être un peu, mais j’avais quand même prit la peine de faire un signe a Rex pour qu’il ne tente pas de bouffer l’inconnu. Jack ne m’avait jamais parlé de lui, je m’en serais souvenu, sincèrement. Le mec saignait, mais je ne savais pas s’il c’était blessé lui-même (sait-on jamais), s’il c’était abimé sur quelque chose ou s’il c’était fait mordre, donc… j’allais peut-être devoir le tuer. Il ne bougeait pas, mais il me regardait. Il avait l’air… il n’avait même pas l’air d’un prédateur… il était simplement… bizarre. Je tenais quand même fermement mon javelot… fallait parler là non? Ou le tuer… non parler serait mieux… ouais, dire des mots. Bon… on dit quoi?

-Désolé de déranger, on fait que passer, bonne chance pour la suite.

Quoi? Moi resté avec un mec aussi bizarre? Non. J’avais 17 ans… lui c’était un vieux et pire… un vieux qui n’avait surement pas trempé son biscuit depuis des années vus sa tête… donc non je n’allais pas rester pour savoir si ça lui chatouillait. Que je vous entende me traiter de parano! Je n’étais pas parano, j’étais du genre… prudente, nuance.

Bon d’accord ce type était… complètement bizarre. Non mais sérieusement, il était déguisé en pirate et tentait tant bien que mal de cacher un truc dans son dos. C’est surement ce qui me chicotait le plus. J’avais appris avec Charlie qu’on pouvait faire une bombe avec presque rien, alors… je n’aimais pas trop l’idée qu’on cache quelque chose dans son dos. En même temps, je n’arrivais pas à laisser couler… le mec là, il était déguisé en pirate! Genre, moi je n’osais même pas porter une robe pour me rappeler que j’étais une fille et lui, il se déguisait en pirate. Bon d’accord, ça lui donnait un style… bien à lui, mais un pirate! S’il me disait qu’il vivait sur un bateau, j’allais chercher les caméras, parce que ça ne pouvait pas être vrai. Bon, là, j’imaginais le mec mettre des caméras sur des zombies pour piéger des gens avec son costume et filmer le tout… il me perturbait. La seule chose qui me rassurait pendant qu’il me jaugeait, c’était que j’étais armé et que, costumer comme il l’était, c’était facile de s’empêtrer dans ses vêtements.

-Mm… oui. Le miens est… un peu plus long.

Et… surement plus effectif aussi, parce que bon. Il était rouillé et il n’avait pas l’air des plus aiguisé. C’était plus le genre d’arme qui filait le tétanos, mais… je ne crois pas que le tétanos ça tuait un zombie. Bon d’accord, peut-être qu’il savait s’en servir vu l’accoutrement, mais quand même, c’était loin d’être ce qu’on pouvait qualifier de normal, même maintenant. C’est comme les clowns zombies, c’était… horrible. Mourir déguiser, c’était terrible. Heureusement pour moi, je ne comptais pas me déguiser, jamais. Juste parler de déguisement et j’en vois déjà penser à infirmière, policière, bonne… rajouter toujours un sexy ensuite pour bien faire le lien et hop, vous avez le cerveau de la plupart des hommes. Bon d’accord, celui-là avait l’air trop atteint pour différencier les messieurs des mesdames, mais quand même. Il ne fallait pas le juger trop vite… bon d’accord c’était impossible de ne pas le juger, mais… fallait voir ça tête.

-Tu… habites ici ou tu ne fais que passer?

Parce que ouais, bon. Il fallait mentionner quand même que… j’étais intéressé de savoir s’il allait me dénoncer auprès des autres survivants ou pas. C’était une excellente question. Je n’avais pas très envie qu’ils sachent mon existence. J’étais bien dans l’anonymat, c’était le mieux pour le moment. Fallait juste voir à l’école, quand ils avaient su mon existence, certain avait voulu me garder et je n’aimais pas ça. Je préférais de loin être seule et en danger, qu’entourer et m’ennuyer. Dans le pire des cas… je mourais. Ce ne serait pas une grande perte pour l’humanité non plus. Personne n’allait s’en plaindre. Je restais sur mes gardes, Rex en alerte, parce que bon, il avait dégainé donc ce n’était peut-être qu’une diversion. On n’était jamais trop prudent de nos jours. Bon, ça ne m’empêchait pas d’être presque gentille et de parfois rendre des services, mais sinon… j’étais prudente.