Serena en avait peut-être plein le cul, mais moi aussi, j’en avais ras le bol !! Mara restait dehors pour rester avec Emerick de mes deux, et j’avais l’impression qu’ils ne nous aidaient pas des masses. Merci quoi ! Je ne pus m’empêcher de balancer le fond de ma pensée à la brune, qui continua à râler, s’exclamant que c’était ma cafétéria, ma bouffe et qu’elle faisait tout ça par bonté de cœur. Pfeuh ! Le pire, c’est qu’elle avait pas tout à fait tort la gamine hein. Bon, elle m’avait déjà avoué qu’elle était ici seulement pour quelques jours, mais ça me pinçait quand même le cœur de savoir qu’elle allait se barrer d’un jour à l’autre. On se connaissait pas encore super bien, avec elle, mais on s’entendait bien. C’est que je voulais continuer à jouer aux jeux de société avec elle, moi ! Malheureusement, parait qu’on peut pas tout avoir dans la vie.
Enfin soit. Finalement, je réussis à choper Mara et à la tirer à l’intérieur de la cafétéria. Elle s’écroula sur le sol tandis que je continuais à butter quelques Walkers, et tentai de boucher le trou avec les tables. Elles s’entassaient de plus en plus et on ne voyait quasi plus les quelques zombies qu’il restait dehors. Emerick allait bien finir par les achever, ceux-là. Je revins alors sur le sol de la cafétéria, descendant du monticule de terre, de feuilles et de tables que j’avais réussi à faire. J’étais fier de nous. Bon ok, c’était vraiment un barrage de fortune, et il allait certainement pas tenir jusqu’à la nuit des temps, mais c’était déjà mieux que rien, pour un début.

Soudain, je sais pas trop ce qu’il se passa, mais je me retrouvai avec Serena crachant du sang à mes pieds. Crachant, vomissant, je savais pas trop, mais elle avait l’air pas bien du tout. Je baissai les yeux vers ce qu’elle m’avait laissé comme cadeau puis les relevai en haussant un sourcil.

« Tain… on s’en est bien tirés mais t’as vu dans quel état tu es ? Et mes baskets te remercient pas hein… »

Bon ok, c’était clairement dégueulasse. Et je pouvais même pas les enlever maintenant, parce que le sol était parsemé de débris de verres. Super. Enfin, pour l’instant c’était l’état de Serena qui m’inquiétait. Sa lèvre semblait pisser le sang, elle était trempée et elle venait de gerber du sang sur mes godasses. Fallait pas être médecin pour capter qu’elle était dans un sale état. Bon, moi aussi j’étais crevé et mouillé, donc je pouvais pas lui filer ce que je portais. A défaut, je m’avançai vers elle et la pris contre moi. C’était déjà mieux que rien, nan ? Autour de nous, les autres se pressaient, heureux d’être encore en vie. Mais… il y avait toujours le corps de Greg, au milieu de tout. Il avait été un peu bouffé par les zombies, c’était juste affreux. Et le coup de Becca avait été tellement net et précis… il n’allait jamais revenir en zombie, ça c’était sûr. Je soupirai, tenant toujours Serena contre moi et lançai à tout le monde :

« C’est fini… faut qu’on se repose. On s’occupera des corps demain, quand il fera meilleur… on brûlera les Walkers et on enterrera nos… notre mort. »

Tout était fini ouais. C’était pas la première fois qu’on brûlerait les corps des Walkers. Nous avions dû le faire déjà plus d’une fois. Malheureusement, c’était rare qu’on doive enterrer nos morts. Et ça, ça la foutait mal quand même. Ça faisait mal au cul, vraiment.

D’accord, j’avais glissé, je m’étais même blessé et Jackson me passait un commentaire à propos de ses basket… alors je lui rétorquai simplement :

« Promis la prochaine fois je m’assure de me tuer en tombant… vais te bouffer à la place hein. T’es basket vont beaucoup plus apprécier.»

Je lui souriais quand même. Je n’étais pas vraiment agressive… bon peut-être un peu, mais pas plus qu’à l’habitude, ah oui il parlait aussi de l’état dans lequel j’étais… bah… eum… j’étai mouillée? Bon d’accord, j’étais frigorifier aussi, mais… c’était un détail. J’étais épuisée, j’avais du mal à tenir sur mes pieds, je tremblais, j’avais la lèvre en sang et j’avais une de ces douleurs aux côtes, c’était terrible. Tout ça irait mieux demain… Surement. On allait espérer. Au pire… elle était brisée, ce n’était pas la fin du monde non plus.

« Ça l’air pire que c’est, demain tout ira mieux. »

C’est juste après ça qu’il… j’ose même pas le croire. Jackson me colla. Genre… son corps, contre le mien là. Il était contre moi et je n’avais pas la force de me débattre. J’étais fatigué et même s’il était mouillé aussi… il était plus chaud que moi. Ce n’était pas très juste ça. Je ne voulais pas rester comme ça, mais… j’avais froid. Mes poings c’étaient crisper tous seuls, mais… je ne bougeais pas. Je ne savais pas ce que je devais faire. Je devais donc me répéter en boucle que c’était purement pour ma propre survie. Rien de plus, il ne voulait rien de moi, il était gai. Ouais, on allait juste ce répété ça et tout irait bien… mes poings… se desserrèrent lentement. Il lança finalement aux autres… de partir, qu’ils feraient tout le lendemain, c’était vraiment fini. On pouvait juste… je pouvais juste me rouler en boule dans un coin et dormir jusqu’à plus soif. Je m’éloignai un peu de Jackson, lui disant simplement :

« Je vais aller me mettre des vêtements sèches et me trouver un coin pour dormir… je ne tiens plus debout. Bonne nuit. »

Et oui, j’étais… presque gentille avec lui. Plongeant mon regard dans le sien. Avant de me séparer de lui. Un soulagement me gagnait à chaque centimètre de plus entre moi et lui. Je n’y arriverais jamais. Je n’arriverais jamais à faire un câlin… embrasser un garçon ou… plus. Je ne sais pas pourquoi j’étais brisée comme ça… mais je l’étais. C’était comme ça. Je pris mes sacs, m’assurant que j’avais tout. Je partie vers le corridor. Je passai près de John, lui faisant un léger sourire. Ensuite, je passai près d’Emerick, je n’avais pas pu m’empêcher de lui offrir mon regard le plus froid. Je lui en voulais encore d’exister. Je n’y pouvais rien. Il était con. Maintenant… fallait se trouver un coin pour s’habiller… et peut-être placard quelconque pour se rouler en boule et dormir… Je ne connaissais rien de mieux pour le moment, j’avais juste envie… de m’éteindre jusqu’à demain. Pitié dieu, je voulais juste un peu de sommeil. Juste un peu.


[Fin pour moi ^^ Je vous aimes ^^    ]

Nous râlions vraiment comme un vieux couple, Serena et moi. J’en avais réellement ma claque, mais je n’en voulais pas spécialement à la jeune femme. En fait, on rigolait bien, même si mes godasses étaient pleines de vomi et que la lèvre de la brune était complètement pétée. Suite à mes railleries, Serena m’assura que la prochaine fois, elle allait faire exprès de mourir en tombant et qu’elle viendrait me bouffer, comme ça. Ainsi, mes baskets apprécieraient beaucoup plus. Je haussai les épaules : ouais, mes baskets s’en foutraient de me voir bouffé, du moment qu’elles étaient propres. Bref. Finalement, l’orpheline me lança que demain, tout irait mieux. Ouais, c’était sûr. Je regardais autour de moi, observant le chaos à l’intérieur. On entendait toujours le vent battre contre les fenêtres, et le ciel s’assombrissait de plus en plus. A première vue, la nuit allait bientôt arriver. Si ce n’était pas déjà le cas, en fait. Je reniflai bruyamment, comme à mon habitude, et passai un doigt sous mon nez.
Serena semblait clairement crevée voire même épuisée. Elle tremblait de la tête au pied et par compassion, ou par pitié, j’en savais trop rien, je finis par la prendre dans mes bras pour la réchauffer un peu. Bon ok, j’étais trempé et gelé aussi, mais c’était déjà mieux que rien, nan ?
Tenant toujours ma compagne contre moi, je soupirai et lançai aux autres qu’il fallait qu’on se repose. Il était temps. Le lendemain, on brûlerait les Walkers et on enterrerait Greg, dans le parc. Il le méritait, il avait sauvé Rebecca. Finalement, Serena s’éloigna légèrement de moi et se décida alors à partir se coucher. Elle nous souhaita bonne nuit, première à partir, et au moment de partir, je lui lâchai :

« Repose-toi bien hein surtout… bonne nuit ! »

Et puis, contre toute attente, Clochard pointa le bout de son nez, de je ne savais trop où. Il tenait dans sa gueule une main de zombie. Je sursautai et lui ordonnai de lâcher ce truc. Continuant à râler sur mon chien –qui lui était de très bonne humeur et me sautait dessus– je finis par suivre Serena, et sortis à mon tour de la cafétéria. Ça allait tenir, jusqu’au lendemain. Une fois dans le couloir, il n’y avait plus personne : pas de trace de Rebecca ou de Serena. J’avais quand même peur pour ma petite sourde. Je pris donc la décision d’aller à sa recherche. Même si j’allais devoir y passer une partie de la nuit, j’allais la retrouver et la consoler.

[FINI POUR MOI AUSSI ♥]