10 septembre

Damien n’était pas du genre à rester en place. Il n’avait jamais eu à rester en place et maintenant qu’il le pouvait, sa le perturbait au plus haut point. Il était donc sorti prendre l’air si on veut. La route était encombrée, il dut faire plusieurs détours pour trouver un coin intéressant. Plus le temps avançait et plus les ressources se faisaient rare ce qui inquiétait un peu le jeune homme. Rester au même endroit était viable pour certain, mais lui doutait. Un endroit fort où les rôdeurs ne pouvaient pas trop approcher était une excellente idée, mais en même temps… S’il sentait l’odeur humaine ils s’attrouperaient et trouveraient une façon d’entrer, ou de défoncé selon le point de vue. Quelques heures, plus tard et déjà loin de l’hôtel, hôtel qu’il n’était pas vraiment sur de vouloir habiter si ce n’était pas de Mel. Il faisait encore gris et venteux, mais rien ne pouvait le tuer. Il c’était approché de l’aéroport pour y trouver de l’essence, mais avait été surpris par la pluie. Il ne détestait pas la pluie, mais s’il avait à fuir, sa risquait de glisser et tomber pouvait être mortel.

Il réussit à éviter plusieurs rôdeurs avant d’entrer à l’intérieur de l’aéroport. Il avait quand même dut en tuer 3 pour sa propre survie et ils étaient à l’intérieur, donc pas vraiment le choix… s’il ne les tuait pas maintenant, ils ne se gêneraient pas pour le mordre quand il s’en douterait le moins. Il passa par plusieurs couloirs ressemblant à un centre d’achat. Sérieusement, c’était bien endroit. Il n’avait jamais pensé à toutes ses boutiques dans l’aéroport et ses restaurants. D’accord, il devait y avoir trois tonnes de rôdeurs, mais en même temps… Il y avait de quoi survivre ici. C’est donc sur ses gardes qu’il commença à fouiller ici et là pour trouver quelques choses d’intéressant et manuel comme il était, tout pouvait servir. C’est donc son arc en main, une flèche encoché, mais sans bander l’arc qu’il avançait. À chaque fois qu’il sortait son arc c’était la même chose « ramasse tes flèches, n’oublie pas tes flèches. » Donc, il ne tirait jamais pour rien.

La pluie martelait fortement ce jour-là. Cela accompagnait très bien les bruits incompréhensibles Je m'étais posé la question si la tempête finirait par s'abattre car c'était récurrent ces temps-ci.  On songeait à chercher des vêtements plus chaud car le froid s'installait, un inventaire des vêtements  était alors prévue plus tard dans la journée. Pour le moment, je tenais la garde du campement alors que les autres dormaient ou se baladaient dans des endroits sécurisés de la zone. Le centre commercial était très calme. J'avais le haut du corps adossé à ce qui était anciennement un rayon  bouteilles & boissons et mes jambes se retrouvaient allongés et croisés. Une posture à la fois confortable et inconfortable, idéal pour ne pas dormir.  Pour éviter de plonger dans un sommeil, j'essayais de trouver plusieurs occupations. Mais au final , un léger bruit m'avait alerté un peu plus loin de moi. Pourtant il me semblait anormalement près. Etait-ce Michael ou un autre membre?  Je n'étais pas réellement inquiet par ces bruits de pas qui ne pouvaient être que humain mais ils étaient trop discrets peut être pour me rassurer.

Je me levais assez difficilement puisque j'étais victime de courbatures. Grimaçant  et trainant des pieds, je m'approchais de la source sonore. Je restai figé lorsque je vis qui était planté à quelques mètres de moi. Damien Smith.  Le copain de ma voisine, l'ex copain de ma voisine. En fait je savais pas trop. J'avais entendu de sales choses sur cet homme même s'il était dans le fond sympa je pense. Son comportement vis à vis de Mel m'avait dégouté et par dessus tout je le jalousais car il a failli avoir une chance d'être papa , ce qui incluait aimer un enfant , l'éduquer...  Je serrais les dents car je ne voulais pas y penser. Il ne m'avait pas aperçu encore. Il admirait à droites à gauche, l'énorme quantité de nourriture qui prônait. L'équipe essayait de se nourrir d'aliments  qui périmaient rapidement: fruits légumes, viande, afin de conserver ce qui est le plus longtemps conservable.
Il semblait presque ébahi. Il brandissait son arc prêt à décocher une flèche si besoin. Comme nous tous, il avait pâli  et ses joues avaient creusé mais il demeurait très robuste et costaud.  Ses vêtements devenus sâles par le sang et le sens de l'aventure me prouvaient qu'il s'était battu plus d'une fois. J'avais eu du mal à l'imaginer exploser des cervelles  mais le monde avait changé alors pourquoi pas  lui ?
Il finit par poser les yeux sur moi avec rapidité et à pointer sa flèche instinctivement. Je n'étais pas heureux de le voir mais cela ne me déplaisait pas de savoir que quelqu'un d'autre était en vie du monde d'avant.
J'avais plissé les yeux par énervement. En effet, il s'était introduit aussi loin dans l'aéroport, jusqu'à moi pour en fait me menacer avec une arme. Mais il finit par détendre son arc lorsqu'il me reconnut. J'avais levé mes mains , par réflex également pour lui montrer que je ne possédais aucune arme. Je les avais replacé le long de mon corps, naturellement.
" Drôle de manière pour un invité surprise..." murmurai-je pour briser le silence.
Je n'allais pas sauté au plafond de joie, loin de là, je ne voulais pas le virer non plus. Alors je compensais avec du sarcasme, du mauvais humour pour lui faire comprendre toute fois que ce n'était les festivités.Malgré l'épidémie, ç'aurait pu être une invasion d'extra-terrestres, une explosion nucléaire, la guerre, tout ce que vous voulez, j'avais assez de force pour en vouloir encore à Damien d'actes tout sauf irréprochables. Mais les temps avaient changé alors j'essayais de prendre ça en considération quand même.

Damien avançait lentement dans l’aéroport, il y avait quand même beaucoup de ressource, c’était… étonnant. Pourquoi Mel c’était installé dans un hôtel au juste? Bon d’accord, les lits étaient confortable, mais l’aéroport avec des ressources. Faudrait en parler. Finalement, il avançait silencieusement, arc à la main en se tenant loin des recoins, juste au cas.

C’est alors qu’il entendit un bruit. Par réflexe il pointa rapidement son arc sur le bruit et banda son arc. Il ne tira pas, jamais il ne tirait sans savoir ce qu’il visait, il avait de la retenue notre petit Damien. Bon d’accord, ne vous déguisez pas en rôdeur et sa allait bien aller. Il reconnut rapidement un humain, un humain qui rangeait ses armes en plus. Damien en fit donc autant.

" Drôle de manière pour un invité surprise..." murmurai-je pour briser le silence.

Il se rapprocha, complètement désarmé, bon d’accord ses armes étaient sur lui, mais il ne les avait plus en main. C’est là qu’il reconnut Logan, le voisin de Mel. Un voisin très sympathique en prime. Sa faisait si longtemps qu’il n’avait pas vu des gens de sa connaissance que ça faisait bizarre d’en connaitre autant en peu de temps.

"Désolé, avoir su qu’il y avait des gens, je n’aurais pas été aussi surpris. " ajouta-t-il à la suite du commentaire de Logan. Sourire aux lèvres.

Damien avait appris qu’avec des gens armés, valait toujours mieux sourire et avoir l’air sympathique comme ça, les gens ne tentait pas de te tuer par instincts de survie. En prime, ce n’était pas difficile pour Damien, il était sympathique à la base.

"Ça va toi? T’a l’air pas trop mal vous les circonstances. "

Il avait réapprit à faire la conversation avec Mel et c’était comme le vélo, il ne pouvait pas l’oublier. Maintenant, il n’était quand même pas obliger de mentionner qu’il ne restait pas à l’hôtel avec Mel de peur de croiser le papa de Mel. Il avait réussi à l’éviter jusque-là, il allait continuer comme ça.

Damien avait détendu ses traits quand il m'avait vu, comme si j'étais une bonne vieille connaissance. Cela m'avait irrité plus qu'autre chose. Il avait avancé près de moi, je m'étais retenu de reculer. Quelles étaient ses intentions? Je ne les avais pas su à ce moment-là. J'étais sur mes gardes, plus que jamais. Il s'était excusé et avait semblé réellement surpris de me voir. L'hypothèse que Mél lui ait dit que j'étais là m'était parue très douteuse alors. Elle avait peut être tenu à réveiller mes instincts de meurtrier si c'était le cas. J'espère pour Damien qu'il ne jouait pas les Kamikazes ! Peut être qu'il ne savait pas qu'elle était vivante et qu'il était à sa recherche....Toutefois, même si mes pensées avaient vagabondé entre massacres, souvenirs du bon vieux temps, je me sentais incapable de réellement lui faire du mal. J'étais assez fatigué comme ça. Je n'avais pas pu oublié, c'était là mon problème. C'est pour cela alors qu'on ne pouvait pas jouer les retrouvailles.
Il m'avait demandé si j'allais bien et m'avait complimenté sur ce que j'étais devenu.
Un lourd silence s'était installé. Mon cerveau avait fusé pour trouver une réponse adéquate. Pas trop hostile, pas trop gentille non plus.
J'avais froncé mes sourcils, à mon habitude lorsque j'étais soucieux et suspicieux.
"Ca va." Avais-je fini par répondre sèchement.
Cela avait plombé davantage la conversation mais je ne voulais pas discuter. De le voir vivant devant moi m'éviter de lui poser la même question. De savoir qu'il avait des armes m'avait assuré qu'il avait vécu la même chose que moi. Je ne voulais pas m'éterniser sur ces conventions de langage qui n'avaient plus d'importance dans notre monde. Il était en effet rare le matin de demander aux autres survivants si ça allait bien , s'ils avaient bien dormi. Ce sont des questions conventionnelles qu'on pose dans une routine installée normalement. Car ici, le "ça va" se traduisait par la vie. Et la mort avait équivalu à un "ça va plus" .
"Je ne vais pas te retenir plus longtemps. Tu prends de quoi manger et tu pars ni-vu ni-connu. Je ne veux pas que les autres du groupe sachent que t'es passé par là."
Voilà une réponse qu'avait le mérite d'être clair. Je ne voulais pas discuter avec lui , mon autorisation qu'il puisse se servir avait été la chose la plus gentille que j'avais pu faire.
Sur ces paroles, je 'avais pris quelques boites de conserve au hasard et lui avait tendu. J'avais attendu qu'il les saisisse.

Il était d’un silencieux et maussade. Bon en même temps, tout le monde avait changer après l’arrivée des rôdeurs, mais quand même, pour une fois qu’il rencontrait quelqu’un qu’il connaissait, c’était assez raté.

"Ca va."

Presque bavard, bon il commença à regarder autour légèrement, Logan n’avait pas vraiment l’air de vouloir qu’il s’éternise pour une raison X. Sa pensée se confirma peu de temps plutard, car Logan continua sur sa lancer.

"Je ne vais pas te retenir plus longtemps. Tu prends de quoi manger et tu pars ni-vu ni-connu. Je ne veux pas que les autres du groupe sachent que t'es passé par là."

Damien avait toujours été un mec sympathique et souriant, il n’allait pas changer pour quelques rôdeurs. Il se passa donc la main dans les cheveux pour chasser son malaise et le relança simplement en lui disant, souriant comme à son habitude.

« Non, non, garde-les. Je ne suis pas venu pour quoique ce soit en particulier. Vous en aurez besoin tôt ou tard. À moins que tu es quelques choses comme des tortellinis sauce rosés ou du gâteau au fromage saveur de chocolat pour Mel, moi j’ai besoin de rien. »

Il faisait toujours face à la violence ou à la froideur des gens par un sourire et il cherchait toujours à ne pas se laisser affecter par la réaction des gens. Bien sûr, il était sur c’est garde, toujours, mais quand même.

« Je dois être à l’hôtel avant la nuit, mais revoir des petits bouts d’Atlanta me fait du bien. »

Il était du genre solitaire et à l’hôtel… il ne se sentait pas chez lui, c’était juste… temporaire ou il ne savait pas trop quoi. Surement qu’il allait s’habituer, mais pour le moment, il n’en avait pas envie. Il avait juste envie de kidnapper Mel et de partir loin, très loin, mais son père ne serait surement pas de cette avis. Pourrait-il l’éviter longtemps?

Il avait affiché une bonne mine malgré mes mots un peu froid. J'admets qu'à ce moment je ne savais pas s'il fallait que je sois en rogne parce que ce que je disais avait aucun effet ou si j'avais du l'admirer pour sa réaction juste légendaire. Après il avait eu une requête spéciale , des tortellinis. Monsieur avait préféré le menu du jour ou quoi? Jusqu'au moment où il avait prononcé "Mel". Pas besoin de me persuader alors pour lui donner toutes les boites de tortellini que je trouverais sur son passage.

Et d'un ton autoritaire : " Suis-moi ."
Je n'avais pas voulu le quitter des yeux. Hors de question qu'il me fasse un mauvais coup derrière ou même qu'il s'échappe. Je ne sais pas comment il avait fait pour arriver jusque ici mais des walkers pouvaient très bien revenir dans des zones dites "clean". Je ne voulais pas qu'un coup nous soit fatal juste à cause d'une boite de pâtes. Je n'avais pas su vraiment si on en possédait mais pour Mel, j'avais pris la peine de chercher. J'avais vérifié quelques rayons au peigne fin. Et comme l'excellent compagnon rêvé et obéissant, Damien m'avait suivi discrètement afin de ne pas réveiller les membres qui dormaient. Mes yeux avaient fini par se poser une boite de pasta qui se trouvait à mes pieds parmi les nombreuses conserves éparpillés. C'était rapidement devenu la pagaille lorsqu'il avait fallu déplacé certaines choses. Le centre commercial était à l'image du monde: chaotique. J'avais tendu la boite à Damien qui avait accepté mon présent. Une idée ensuite m'avait traversé l'esprit.
"Ah une dernière chose!"
Pour la première fois depuis que j'avais vu Damien, j'avais souri. Je m'étais vite déplacé pour aller dans un rayon que je connaissais bien. Mes yeux avaient rapidement balayé le coin bières pour trouver une marque très célèbre dont la couleur dominante de la canette était verte. J'avais choppé un pack de 6 pour le donner à nouveau à Damien.
" Tu offriras ça au père McCain de la part de Smith." Avais-je annoncé amusé tout sourire.
Je connaissais sa bière préféré parce qu'on en buvait souvent ensemble après des services qu'on se rendait mutuellement. Une tradition pour dire merci en quelque sorte.
J'étais en joie à l'idée de voir Damien offrir ces bières à son beau père. Je savais plus que très bien qu'il était en conflit avec ce dernier parce que souvent on en parlait tous les deux. Je l'avais mis alors dans un dilemme. Soit il offrait ces bières à Papa McCain et il risquait sa vie. Soit il les donnait pas , demande à Mel de le faire et McCain effrayé se demandera si sa fille est partie seul jusqu'à l'aéroport pour me rendre visite. S'ensuivrait alors une série règlements de compte... Nombreux scénarios encore étaient possibles. Mais je me limitais à ces deux là car Damien était une personne adorable dans le fond , sa gentillesse allait peut être à l'épreuve.

Je vous jure, lorsqu’il avait sorti son histoire de tortellini ce n’était que pour détendre l’atmosphère relativement tendu, il n’aurait jamais cru à la suite, vraiment jamais. Il voulait juste… rigoler. Il n’était plus vraiment habituer et Mel voulait tellement retrouver l’ancien Damien que même lui c’était mis à le chercher. Il voulait vraiment se racheter.

" Suis-moi ."

Le ton était sans réplique, il ajouta donc simplement un « ok ».
Damien faisait tout pour que Logan ne le prenne pas pour un malfrat, mais on aurait dit que c’était vraiment difficile pour Logan de croire qu’il pouvait ne pas avoir changé, mais en même temps… tout le monde avait changé un peu, mais de là à croire que Damien allait lui sauter dessus… Bref. Il ne s’obstina pas et fit ce que Logan demandait. Damien avait établi une règle simple pour éviter les conflits : « ton territoire, tes règles ». C’était simple et efficace, il était sur le territoire de Logan, il fonctionnait selon les règles de ce dernier, pas plus, pas moins.

Lorsqu’il vit que l’espace semblait habiter, il ne fit plus aucun bruit par respect et surtout parce que plutôt, Logan n’avait pas donné l’impression que Damien avait le droit d’être là. Finalement, Logan se pencha pour ramasser une boite de conserve qui lui tendit, il accepta sans broncher. Sourire léger aux lèvres.

« Merci »

Il n’avait pas l’intention de demander plus, mais Logan rajouta une phrase comme s’il venait de se rappeler quelque chose d’important.

"Ah une dernière chose!"

« Oui? »

Il avait même sourit, c’est une première. Damien n’avait quand même pas l’impression qu’il souriait à lui, juste… qu’il souriait, mais c’était mieux que rien. Il prit de la bière et lui tendit. Damien avait fait un plus un dans sa tête avant même que Logan ne prononce ses paroles. La vie voulait vraiment sa mort, mais vraiment.

" Tu offriras ça au père McCain de la part de Smith."

« Je vais dire de Logan si ça ne te dérange pas »

Damien souriait vraiment là, depuis que Mel connaissait Logan elle lui cherchait toujours un lien de famille avec Damien à cause de leur nom de famille, comme si tous les Smith était de la même famille. Il était presque sûr qu’elle avait été cherchée du côté de Logan aussi pour les informations « familiale ».

« Mais oui promit, je lui donnerai. Ça lui ferait du bien de se détendre un peu,  il a dû faire beaucoup pour s’assurer de leurs survies, mais je suis sûr qu’il aurait préféré les boires avec toi, comme un souvenir d’avant. »

Il souriait, il savait que le père de Mel aimait beaucoup Logan, c’était un excellent voisin et toutes les raisons étaient bonnes pour inviter Logan à manger. En ce moment, tout ce qui importait à Damien était de se rattraper aux yeux de Mel, même s’il mangeait des coups pour ça, il s’en fichait un peu. Il n’avait juste pas droit de mourir. Il était difficile à détester notre Damien, mais il essayait quand même beaucoup d’être quelqu’un de bien, ça manquait de nos jours.

« Tu me raccompagnes jusqu’à la sortie? Mel m’a laisser sortir, mais pas trop longtemps et je n’ai pas envie qu’elle s’inquiète pour rien. Je vais lui dire que les pâtes viennent de toi. »

Il était resté calme et de bonne humeur, il n’avait pas parlé trop fort non plus, il tentait de suivre les règles de bases imposer par Logan. Il espérait quand même s’être racheté quelques points. Fallait pas trop espérer non plus.

Il avait continué  à sourire avec débilité plus qu'autre chose. Etait-il réellement heureux de me voir? Ou était-ce une forme d'hypocrisie? Dans les deux cas il avait tapé un record mondiale  pour m'énerver. J'avais fait de nombreux efforts pour ne pas exploser en mille morceaux pour Damien. Il fallait qu'il en fasse aussi. J'avais repris mon expression de marbre. Ma ruse avait coulé. Il s'était fait presque une joie de jouer les facteurs pour moi . Ca m'en rageait presque au plus haut point. Je ne savais pas à quoi je jouais, lui non plus d'ailleurs. Il semblait avoir retrouvé Mél, pourquoi venir me voir? Pourquoi tant de torture? Il fallait, malgré l'humanité décimée par un virus à la fois mortel et immortel , chose rare qu'on a jamais vu dans l'histoire du cosmos , que Damien Smith se trouve là où je demeurais. Pourquoi tant de haine envers moi?   J'essaye de faire le bien et voilà ce que je récolte? Peut être qu'on ne désirait pas la fin du monde mais bien la fin de mon monde . Ca m'avait démangé de le frapper mais je compensais par un apitoiement  désolant. Se pointer comme une fleur après ce qu'il avait fait à Mél  à la porte du jugement dernier, il fallait être culotté quand même!  Même si j'avais tenté de conserver un self control, je n'avais pas pu m'empêcher de dire ce que je pensais pendant qu'on se dirigeait à l'entrée du centre commercial.
"Pas la peine de dire c'est de Logan, que ça soit au père ou à la fille.  Pas la peine non plus de leur dire que tu m'as vu. Dis leur que t'as trouvé ça je-ne-sais-où et qu'on en parle plus. Fais moi plaisir, oublie ces instants de ta mémoire. Tu ne sais pas que je suis en vie, tu peux même dire à  Mel que tu m'as vu zombi, j'en ai rien à faire , fais ce que ça te chante mais ne reviens plus ici..."
A quoi ça servait qu'ils savent que Damien m'avait vu? A quoi ça servait de savoir que j'étais en vie? J'étais très protecteur par nature avec les gens que j'appréciais. Cela pouvait me rendre quasi possessif. Mais que voulez-vous, c'est la peur et l'attachement qui alimentent ce genre de comportements. Damien semblait avoir repris sa place auprès de Mel. Il en était fier en plus, malgré tout ce qui s'était produit.  Je me disais tout le temps que ce qu'on était capable de faire une fois, on pouvait le faire deux fois. Mel n'était pas à l'abri d'un second mauvais coup. Mais dans le fond, cela ne me regardait pas. C'était sa vie , il fallait que je respecte ses choix même les pires qu'elle puisse faire. Elle méritait  largement mieux.
On s'était engagés ensuite dans le Grand Hall en petit sprint  pour éviter les hordes naissantes. Pour le retour, il allait falloir que je fasse le tour, l'étage étant circulaire afin d'éviter tout ce monde.  Par moment je m'arrêtais pour en frapper certains; je ne cache pas que je m'étais bien défoulé , plus que défoulé.

Il avait tout mit dans son sac à dos avant de le suivre. Ensuite, il le suivit calmement. Logan n’avait pas l’air d’être le mec le plus bavard et le plus sympathique du monde. Sérieusement, il avait été salement amoché psychologiquement depuis l’arrivée des rôdeurs. Il avait presque l’air d’avoir… abandonné.

"Pas la peine de dire c'est de Logan, que ça soit au père ou à la fille.  Pas la peine non plus de leur dire que tu m'as vu. Dis leur que t'as trouvé ça je-ne-sais-où et qu'on en parle plus. Fais-moi plaisir, oublie ces instants de ta mémoire. Tu ne sais pas que je suis en vie, tu peux même dire à  Mel que tu m'as vu zombi, j'en ai rien à faire, fais ce que ça te chante mais ne reviens plus ici..."

Il resta en silence, le temps d’avancer. Ils rencontrèrent des rôdeurs vers la sortie. Damien sortie son pied-de-biche. Il n’allait pas risquer de perdre des flèches dans un endroit comme celui-là. Ne vous inquiétez pas, il ne souriait plus. Les rôdeurs lui faisaient toujours perdre son sourire. Il était devenu sérieux, très. C’était simplement en restant sérieux qu’on survivait. Il se défendit aussi, mais prenait moins de plaisir que Logan à le faire. Un seul coup, bien placé et on passait au prochain. Pas plus, pas moins. Lorsque tout fut plus tranquille, il rajouta simplement :

« Je ne comprends pas bien pourquoi tu veux qu’ils te pensent mort et s’ils demandent je ne mentirai pas, mais je ne dirai pas de moi-même que c’était toi. C’est juste triste que tu les laisses tomber en quelque sorte. Ils tenaient beaucoup à toi. Promis, je ne reviendrai plus »

Il s’éloigna à bonne distance avant de tourner les talons. Il n’allait pas risquer de se faire attaquer par un humain. Il avait toujours son arme à la main et quitterait les lieux. Il arriverait avant la tombée de la nuit. Mel serait contente de le savoir sauf. C’était une visite positive après tout. Malgré le comportement de Logan qui c’était… assombris depuis le temps. Il lui faudrait du positif dans sa vie et bientôt en prime, sinon il allait finir par faire un peu trop le con avec un rôdeur et y laisser la vie.

Dire et penser que je les abandonnais en quelques sortes avait été pour moi la pire provocation qu'il pouvait faire. Il n'avait pas compris , il n'avait pas voulu comprendre.  Tant qu'il serait là je ne pourrais pas les protéger parce que Mél était bornée sur la question de Damien. Personne ne le savait mieux que son père et c'était la raison pour laquelle il avait beaucoup de mal à l'accepter auprès de sa fille.  Blesser une personne quand le monde tourne rond c'était déjà horrible, je n'avais pas voulu que cela se reproduise quand le monde allait très mal. C'était juste impensable. Qu'il joue le garçon modèle tant que ça lui plaise, je n'arrêtais pas de penser à Mélina si -par le plus grand du hasard- elle se retrouverait seule , à nouveau.  Elle savait où je me trouvais, elle savait ce qu'il fallait qu'elle fasse pour me rejoindre. J'admets  ne pas avoir pensé une seule seconde véritablement à l'idée qu'ils me pensent mort. C'était dit sur un coup de tête, une façon pour moi de dire que je ne voulais plus m'intervertir dans leur histoire.  Leurs affaires sont leurs affaires, cela ne me regardait strictement pas. Mais même si je me répétais ça à longueur de temps, j'avais très mal au coeur à l'idée de laisser Mél avec lui , donc seule.

"Reviens seulement si Mél a besoin de quelque chose." Avais-je fini par lancer. Après tout il allait rester le seul lien que j'avais avec elle. S'il ne revenait as, tant mieux pour lui et tant mieux pour moi. S'il revenait,on avait du soucis à se faire chacun.

Sans le quitter des yeux, j'avais songé à mon retour au centre commercial. Il avait fallu que je fasse le tour en sprint si je ne voulais pas me faire arracher la gueule.  Quel prix fort à payer pour le voir partir. Un problème de résolu offrait toujours un nouveau problème en perspective.

FINI