Un peu d'exploration ne fait pas de mal...
Le jour grisâtre venait de se lever quand Amy émergea de son demi-sommeil. C'était un luxe qu'elle pouvait encore s'octroyer en ces temps sombres dans la sécurité de sa maison, même si elle ne dormait que d'un seul oeil, toujours inquiète de ce qui pourrait lui tomber dessus au matin. Au travers des planches recouvrant la fenêtre, la lumière filtrait légèrement, suffisament en tout cas pour lui permettre de constater que la matinée était bien avancée. Il était difficile de vivre dans un monde où rien ne nous attendait au matin, raison pour laquelle elle se levait souvent tard et passait généralement ses journées à trainer dans la maison. Elle ne sortait qu'en deux occasions : la chasse pour se nourrir et celle pour se détendre.
Aujourd'hui, elle avait décidé de partir explorer un peu les alentours à la recherche de derniers survivants. Il n'était simple pour personne de se nourrir en ce moment, mais encore moins pour une cannibale comme l'était Amy. Les humains encore viables avaient désertés Atlanta pour des endroits plus reculés, plus à l'abri des rôdeurs. La jeune femme, bien qu'amaigrie, ne mourrait pourtant pas de faim, car elle parvenait toujours à trouver un humain en bonne santé à condition de bien chercher.
Elle se leva et se dirigea vers la salle de bain de la suite parentale dans laquelle elle s'était installée, fuyant le confort de sa chambre d'enfant trop emplie des mauvais souvenirs des viols de son père adoptif. L'eau courante désertait peu à peu les tuyauteries, l'obligeant à ne prendre qu'un seul bain par semaine. Aujourd'hui n'était pas le jour tant attendu où elle pourrait se baigner dans l'eau froide, mais elle pouvait toujours s'observer dans le grand miroir de la salle d'eau et coiffer ses longs cheveux blonds presque blancs, arranger son apparence du mieux possible pour offrir un visage accueillant à sa victime du jour, s'il y en avait une. Elle enfila une robe grisâtre qui avait pour habitude d'être rose pâle puis descendit à la cuisine où, dans le grand congélateur maintenant hors service, elle récupéra un morceau de viande humaine salée afin d'être conservée plus longtemps.
Amy se rappela presque avec tendresse de l'homme sur qui elle l'avait prélevé plus d'une semaine auparavant. Comme cela arrivait souvent face au visage d'ange de la jeune femme, l'homme ne s'était pas méfié, au contraire, appréciant cette rencontre inopportune qu'il imaginait déjà comme une bonne occasion de satisfaire à des besoins primaires. Ce qu'il avait fait, somme toute, puisqu'avant de le dépecer, Amy lui avait offert une dernière occasion de goûter aux plaisirs de la chair. Le sien ne consistait pas en un rapport sexuel dénué de sentiments et d'intérêt mais bien en celui de tuer l'homme d'une flèche dans le crâne puis de le dépecer encore vivant, quand la chair était encore alimentée par le sang, encore tendre. Elle l'avait ensuite patiemment salée pour mieux la conserver et s'en délectait maintenant chaque jour au réveil.
Mais les réserves finiraient par s'épuiser et il était temps pour Amy de retourner explorer la ville dans l'espoir de trouver un nouvel homme à se mettre sous la dent. Elle remonta dans la chambre et s'empara de son arc qui reposait près d'elle à côté du lit, toujours accessible si un rôdeur ou un humain parvenait à entrer dans la maison en pleine nuit. Elle prit son carquois et l'enfila autour de son épaule et redescendit, fin prête pour une longue partie de chasse.
Au dehors, le gémissement des zombies était le seul son venant troubler le calme de la ville désertée. C'était aussi son besoin de solitude qui avait poussé Amy a resté à Atlanta alors que tout le monde fuyait. En dehors du minimum vital pour elle, elle ne rencontrait plus jamais personne et se sentait enfin libre, libre de toutes règles, toutes lois.
Elle descendit la rue à pas de loup, prenant bien soin d'éviter les rôdeurs et s'enfonça plus avant vers le centre ville. Elle savait qu'il n'y avait presque aucune chance de trouver un humain dans cette partie de la ville mais c'était un passage obligé pour rejoindre l'autre côté, la banlieue proche et la possibilité d'un repas chaud pour le soir.
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